Le peintre des climats
L’amateur peut ainsi découvrir, au détour d’une rue, « un Birga ». En ce sens Sergio Birga possède au plus haut point l’art de rendre compte sur la toile d’un moment, d’une unité, d’un mode d’être et de pensée. Il est devenu le peintre des climats, Nella Città.
Robert Bonaccorsi-Avril 2017
Catalogue de l’exposition Nella Città ( Maison du Cygne. Six-Fours-les-Plages).
Portraits de Villes
« C’est à la moins spectaculaire tradition de la ville réelle attentivement observée que se réfère Sergio Birga ; celle de Carpaccio ; devant Venise ou, surtout, de Corot dessinant et peignant inlassablement des vues romaines. Ville réelle observée, mais aussi poétisée ; ce n’est pas par hasard que l’on a pu parler du réalisme magique de Birga et que l’on a rapproché certaines de ses oeuvres de celles de De Chirico. »
Jean-Luc Chalumeau, Visuel Image, éditorial, 8 11 2011.
Un Alchimiste...
« Peindre la vérité de l’artifice,voilà la grande affaire ! Concevoir non pas l’envers du décor mais sa présence spectaculaire, sa force intrinsèque, sa puissance onirique, évocatrice, dominatrice. Le décor non comme accessoire mais comme élément déterminant d’une pratique de la peinture pensée comme un émerveillement crépusculaire ».
Robert Bonaccorsi, catalogue de l’exposition « Portraits de Villes ». 2011.
« Je n’hésite pas un seul instant à affirmer que Sergio Birga a jeté les fondements d’une nouvelle peinture métaphysique. Elle se distingue dela metafisica de Giorgio de Chirico en ce sens qu’elle ne joue pas sur des relations absurdes et oniriques entre des objets inconciliables ni sur la transformation de l’espace du tableau... Birga envisage lui aussi le tableau sous l’espèce d’une condensation onirique. Chez lui le silence domine. Le temps est suspendu, le temps est problématique »
Gérard-Georges Lemaire,Verso n°44, 2007
« Des crânes, nous en rencontrons dans les oeuvres de jeunesse de Sergio Birga, avant que le Florentin ne se transfère à Paris. Mais sa peinture est toute autre que macabre. Au contraire, elle est visuellement riche d’une sonorité chromatique bien scandée par son tempérament graphique, qui,malgré l’âpreté et les déformations de l’image, est chargée d’une gaîté rutilante quand, comme dans « Masques au Carnaval » de 1962 , un crâne domine la scène verticale de la composition établie sur des rythmes de jazz ».
Giorgio di Genova, Storia dell’Arte Italiana del ‘900, Edizioni Bora,
« Cet artiste, admiratif de Grosz et de Dix, est un des rares qui, à cette époque, a su transcrire les préoccupations politiques du moment en « véritable peinture », c’est-à-dire à travers une figuration convulsive et puissante, dans une pâte épaisse et travaillée à l’huile par un geste sûr et ample, avec une palette colorée violemment expressionniste... »
Francis Parent « Entendre l’écrit », E.C. éditions, 1999.
« Vous avez développé, comme dessinateur et peintre, un style complétement moderne, trouvé dans le noyau même des choses, dans le métro, dans les Boulevards, dans les Variétés, un style d’un expressionnisme totalement explorant, sans fioritures, qui va plus loin que la photo, parce que son regard voit encore clair là où les choses deviennent confuses dans l’appareil ».
Conrad Felixmüller, préface de l’exposition Galerie Jean-Pierre Lavignes, Cologne, 1976.
« Birga affronte la coloration du monde avec un chromatisme rigoureux sans crainte de rehausser les tons lumineux. Souvent la couleur du tableau a une signification spéciale avec son agressivité bleu acide des autoroutes, rouge vivace des grues ou des machines démolissant les Halles qui dénoncent la brutalité de la destruction. Il y a là une véritable nouvelle esthétique de la technique moderne ».
Monika Juhlen ; Kölnische Rundschau, 1976.
« Cette peinture affirme la perte de la continuité et du propos inscrit dans un sens(unique), mais elle démontre du même coup combien elle est libératrice. Les fragments divers d’une histoire de l’art rendue à ses éclats multiples nous restituent notre propre présent : l’instant vécu maintenant, c’est-à-dire notre bien le plus précieux. « Le nom du portique est inscrit là-haut, dit Zarathoustra, il s’appelle « instant ». De ce portique de l’instant présent une longue et éternelle rue retourne en arrière : derrière nous il y a l’éternité ».
Jean-Luc Chalumeau, préface de l’exposition, Galerie Nicole Ferry, Paris, 1988.
« Or, il est clair que la poétique de la citation, lucidement poursuivie par Sergio Birga, appartient à cette sensibilité du reflux qui s’est installée depuis le désenchantement des mythologies avant-gardistes. Il ne s’agit plus de l’excitation de la découverte, mais plutôt du plaisir de reconnaître ».
Giovanni Lista, Revue Ligeia, 1990.
A propos de l’autoportrait : « Ici, plus qu’ailleurs surgit son tempérament tragico-mystique et ici se trouve le passage du temps, la présence munchienne et bergmanienne de la mort dans la vie ».
Mario Quesada, galleria d’arte Il Trifalco, Rome,1976.
« Puisés au cours de ses voyages à Rome, en Bretagne ou à Prague, ses calvaires, ses Pietà, ses résurrections, ses athlètes ou ses groupes de personnages moulés dans le marbre, le granit ou le bronze, avant d’épouser les nuances subtiles du pastel, ont quelque chose de hiératique et de solennel dans leurs attitudes hautaines ou douloureuses que l’absence de toute présence humaine alentour accentue ».
Gérard Xuriguera, Demeures et Châteaux, 1994.
« Ici une perspective biaisée, là une arête trop vive, une ombre trop marquée viennent insérer à l’insu du spectateur ce je ne sais quoi d’étrange, ce léger décalage qui instille un malaise, perturbe la vision familière, creuse l’écart d’avec la réalité ordinaire. On est en terrain familier qu’on arpente tous les jours et pourtant on n’y est plus tout à fait. Ce glissement imperceptible qui pétrifie le quotidien et le rend étranger à nous-même est lourd de menaces et annonce, comme nous l’enseigne l’histoire, des secousses sociales, politiques, culturelles ».
Yves Kobry, Revue Verso n°44, 2007.
« De sa revendication municipale il tire son penchant pour la description de lieux urbains ou périphériques (rares, les paysages de la campagne ouverte, sauf pendant sa période expressionniste de 1960-65 et dans ses aquarelles de voyage de la vingtaine d’années passées) : serait-ce parce que dans la peinture florentine la ville est si souvent évoquée en sa minutieuse présence, non point seulement documentaire mais à la fois décor pour la mise en scène des actions et elle-même action ? L’observation vaut aussi pour le thème récurrent du cirque (traité dans les années 60 et dans ces dernières années) qui de plus,par ses renvois à Valori Plastici, à Sironi et même à de Chirico confirme « l’italianité » de cette peinture. Adrien Salmieri, Sergio Birga, pictor fiorentinus, Verso n°44, 2007.